GRAND REX - Paris
1, bd Poissonnière - Paris (2°)
8 Juillet 2005
à 20h30
THEATRE DE VERDURE - Patrimonio (Corse)
Festival "Les Nuits de La Guitare de Patrimonio"
19 Juillet 2005
à 23h00
A la fois légende de la guitare hard-bop et superstar du R&B, George Benson a porté de nombreuses casquettes au cours de sa carrière. Pour les fans de pop, il reste le chanteur de tubes tels que "Give Me The Night" et "Turn Your love Around", mais aux yeux des jazzmen, seuls comptent ses albums intrumentaux des années 60 et du début des années 1970, de véritables classiques. Son album "Breezin", qui s'est vendu à des millions d'exemplaires en 1976, a même favorisé l'apparition d'un nouveau format de radio jazz aux Etats-Unis, le NAC (New Adult Contemporary).
En fait, le guitariste-chanteur est si imprévisible et éclectique que personne ne sait à quoi s'attendre d'un enregistrement à l'autre. Avec huit Grammy awards déjà à son actif, il crée encore une fois la surprise sur son nouvel album, "Absolute Benson" (GRP Records), où la musique instrumentale est à l'honneur. Tandis qu'en 1998 son disque "Standing Together" faisait la part belle aux morceaux pop et R&B, George Benson ne chante cette fois-ci que sur trois titres : une reprise de Ray Charles, "Come Back Baby", une version enlevée de "The Ghetto", le standard soul de feu Donny Hathaway, et "El Barrio", une composition originale aux accents latins (créée pour être le pendant de "The Ghetto"). Le reste de l'album est instrumental, l'inimitable jeu de guitare de l'artiste occupant de nouveau le devant de la scène.
Bien que George Benson soit encore très capable de jouer du hard-bop classique, ce nouvel album vise un public plus large en mélangeant jazz, pop et R&B, une démarche qui évoque les enregistrements réalisés par le guitariste au début des années 1970. De l'énigmatique "Medicine Man" au sérieux "Lately" (une reprise de Stevie Wonder), du funk de "Hipping The Hop" à l'obsédante mélodie de "Deeper Than You Think", sans oublier "One On One" et ses accents quelque peu évocateurs de Wes Montgomery, les titres ici rassemblés mettent la virtuosité de George Benson en valeur, sans pour autant négliger groove ou musicalité.
Pour ces enregistrements, le guitariste a formé un groupe attachant, composé aussi bien de vieux routiers des studios que de "jeunes lions". Le bassiste Christian McBride, par exemple, représente la jeune garde du jazz, tandis que le pianiste-claviériste Joe Sample (membre fondateur des Crusaders, actuellement sous contrat chez GRP) et le batteur Steve Gadd ont tous deux des carrières prestigieuses derrière eux. Parmi les autres musiciens présents sur l'album, on retrouve aussi le percussionniste Luis Conte, le batteur Cindy Blackham et l'organiste-claviériste Ricky Peterson.
"Absolute Benson" a été d'autre part produit par Tommy LiPuma, le président de Verve Music Group. Ami de longue date de George Benson, ce dernier a également collaboré avec le célèbre duo de producteurs Masters At Work sur les titres "The Ghetto" et "El Barrio". En fait, les deux partenaires que sont "Little" Louie Vega et Kenny "Dope" Gonzales rendent ici la politesse au guitariste, qui avait joué sur leur excellent album "Nuyorican Soul" (Blue Thumb Records). Plusieurs musiciens ont de plus été invités spécialement pour l'enregistrement de ces deux titres : le bassiste Carlos Henriquez, le batteur Vidal Davis, et le percussionniste Luisito Quintero. Et en ce qui concerne les ch*urs, le casting est pour le moins prestigieux puisque les chanteuses Claudia Acuña, Lisa Fischer et India, ainsi que Richard Shade et même le légendaire Roy Ayers ont répondu présents à l'invitation de George Benson.
Bien sûr, le fait de collaborer avec des musiciens de grand talent ne représente rien de nouveau pour le guitariste : c'est ce qu'il fait quotidiennement depuis le début des années 60. Né à Pittsburgh, George Benson s'est passionné pour de nombreux styles de musique durant son enfance, montant sur scène dès l'âge de 8 ans pour chanter dans une boîte de nuit locale. En tant que guitariste, ses influences principales étaient Charlie Christian et Wes Montgomery, mais il a rapidement développé un style distinct. Ainsi, lorsque l'organiste Jack McDuff l'engage en 1962, il n'a que 19 ans et pourtant, son jeu révèle déjà une personnalité affirmée. Deux ans plus tard, il enregistre pour Prestige son premier album, "The New Boss Guitar of George Benson", qui navigue entre hard-bop et soul-jazz. Les disques straight-ahead qui suivent, produits par John Hammond en 1965 et 1966 pour Colombia, lui valent alors les louanges de la critique unanime.
Ainsi George Benson s'impose-t-il rapidement comme l'un des grands de la guitare jazz des années 60, aux côtés de Wes Montgomery, Kenny Burrell et Grant Green. Lui pourtant n'est pas un puriste et son penchant pour le R&B, le rock et la pop s'affirme lorsqu'il s'associe au producteur Creed Taylor, d'abord chez A&M, puis de 1971 à 1975 au sein du label CTI fondé par celui-ci. Bien que le guitariste soit encore considéré comme un jazzman avant tout, il n'hésite plus désormais à intégrer des rythmes funk, soul et rock à sa musique, ou à interpréter les tubes pop du moment.
Finalement, George Benson fait le grand saut en 1976, devenant une superstar grâce à son album de platine "Breezin". Le disque atteint la première place des hit-parades et sa reprise d'une chanson de Leon Russell, "The Masquerade", est un énorme succès, assorti d'un Grammy award : pour la première fois, le guitariste réussit à toucher le grand public, aux Etats-Unis comme à l'étranger.
A partir de ce moment et jusqu'à la fin des années 80, George Benson choisit de se concentrer sur le chant, enchaînant les tubes dans le registre pop/R&B. Les titres "The Greatest Love of All", "On Broadway" (une reprise du groupe The Drifters), "Give Me The Night", "Turn Your Love Around" et "Inside Love" (réalisé en collaboration avec le célèbre producteur Kashif) comptent parmi les plus connus de ces succès. Mais le guitariste, fidèle à sa réputation, refuse toujours de se cantonner à un seul genre musical, revenant aux standards et au jazz en 1989 avec l'album "Tenderly". A cet enregistrement plutôt acoustique succède l'année suivante un hommage à Count Basie, "Big Boss Band".
Puis en 1996, George Benson retrouve chez GRP Records le producteur Tommy LiPuma, avec qui il avait déjà collaboré chez Warner Bros. pendant les années 70 et 80. Le duo présente alors une vision du jazz contemporain empreinte de modernité sur l'excellent "That's Right", avant de mêler le jeu du guitariste à des rythmes hip-hop ou afro-cubains pour l'album "Standing Together", sorti en 1998.
Du jazz pur et dur jusqu'à la pop, George Benson a ainsi abordé d'innombrables styles musicaux et surtout, il a réussi à prouver au fil des années que créativité et succès commercial ne sont pas forcément antinomiques. L'album "Absolute Benson" vient aujourd'hui confirmer cette démonstration avec éclat.
BASTO
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